Si la légende raconte que les animaux voient en noir et blanc, aujourd’hui on sait qu’il n’en est rien ! La vision des chats est très étudiée depuis plusieurs années, nous pouvons donc avoir une idée assez précise de leur point de vue ! On pourrait même qualifier très précisément notre matou de “nyctalope daltonien myope”, dans un monde pastel en bleu, jaune et vert !

Anatomiquement

L’œil de nos félins est très différent de celui de l’homme que ce soit sur l’orientation et son anatomie. Premièrement, la taille de l’œil est énorme par rapport à la taille du crâne. Évidemment, puisque le chat est un prédateur, sa vision est essentielle et l’évolution a fait le reste !

L’anatomie d’un globe oculaire est complexe, puisque c’est un organe qui se loge dans la cavité crânienne avec une partie externe. 

La partie la plus extérieure de l’œil est la cornée, une membrane transparente qui transmet la lumière au cristallin et à la rétine.

Sous la cornée se trouve l’iris, la “partie colorée” de l’œil, percée en son centre par une pupille très mobile. Cet ensemble rétractile protège l’œil quand l’intensité des rayons lumineux augmente en laissant passer plus ou moins de lumière dans l’œil. La pupille du chat peut s’ouvrir jusqu’à 4 fois plus que celle de l’homme

Au sein du globe oculaire, se trouve le cristallin. C’est la lentille de l’œil qui, en se contractant, permet de donner une image nette en fonction de la distance. Une sorte de focus

La rétine quant à elle se trouve au fond de l’œil. C’est sur cette membrane que se forment les images.  Elle convertit les rayons lumineux en signal électrique, transmis ensuite par le nerf optique au cerveau.

La rétine est composée de millions de photorécepteurs : les cônes et les bâtonnets qui permettent de voir les couleurs et la lumière. Si les hommes disposent de 3 types de cônes pour différencier les couleurs (rouge, vert et bleu), le chat ne dispose que de 2 types de cônes (vert et bleu).

C’est ainsi que nous pourrions le qualifier de daltonien !

Les bâtonnets sont responsables de la perception de la lumière.

De plus, le fond de l’œil d’un chat dispose d’une paroi supplémentaire de cellules qui réfléchit la lumière : le tapetum lucidum (du latin : tapis brillant), qui agit comme une sorte de miroir pour amplifier l’apport de lumière.

C’est d’ailleurs pour cette raison que nous disons que les yeux des chats brillent la nuit. 

Sur la partie la plus antérieure de l’œil, le nerf optique envoie tous les stimulis reçus au cerveau, qui se charge de les convertir en image. Les deux nerfs optiques se rencontrent au chiasma optique afin de rassembler les informations transmises par les 2 yeux.

Enfin, la sclère est le liquide opaque contenu dans l’œil qui permet de maintenir la forme du globe oculaire.

La couleur des yeux

La palette de couleur de l’iris d’un chat est extrêment grande ! Du vert, du bleu, du brun, de l’or, du jaune et même de l’orange !

Si les yeux sont généralement de même couleur, on retrouve assez couramment des yeux “vairons”, ou hétérochromie, chez les chats blancs ou certaines races spécifiques (Turc de Van, Angora Turc).
Bien que la couleur des yeux ne soit pas directement liée à celle du pelage, elle peut être une norme pour rentrer dans une catégorie de race, encore plus pour les LOF.

La couleur des yeux est déterminée par la génétique et le taux de mélanine. Plus le taux de ce dernier est élevé, plus l’oeil aura une teinte foncée.

Champ de vision

Les yeux du chat sont adaptés à sa nature de chasseur : il a une bonne vision panoramique d’environ 200°, auxquels on ajoute 30° de vision périphérique, plutôt floue de chaque côté. En comparaison, l’homme ne voit qu’à 180°. Cela est dû au positionnement de ses yeux par rapport à son crâne, leur grosseur et la taille du cristallin.

Malgré un large champ de vision, la netteté de vision du chat n’est bonne que jusqu’à 6 mètres environ (entre 30m et 60m pour les hommes), idem pour les choses à plus de 10 cm de ses yeux. On pourrait donc ici le qualifier de myope car il ne voit ni de très près, ni de très loin.

L’artiste Nickolay Lamm s’est d’ailleurs inspiré des études scientifiques sur la vision des chats.

Voici donc à quoi ressemblerait le champ de vision d’un chat et son appréciation de la distance des objets :

Vision diurne, formes et couleurs

La rétine du chat est composée de 2 types de cônes, sensibles au vert et bleu. Ainsi, il ne distiguerait ni le rouge ni le noir. Il verrait également les nuances de manière moins prononcées, plutôt lissées et pastels. Cette vision dichromatique (du latin deux couleurs”) nous apparaitrait composée essentiellement de variations de vert, de jaune et de bleu.

Grâce à la grande mobilité de leur pupille qui s’ouvre et se rétracte très rapidement, ils peuvent réguler l’éblouissement. Il est d’ailleur toujours étonnant de voir à quelle point la pupille d’un chat ne peut être qu’un simple trait dans leur yeux au soleil ! On parle alors de myosis (du grec ancien “se fermer”).

Rapprochés et sur le même plan, les yeux des chats leur permettent également de voir en 3D.

Vision nocturne

Le chat voit mieux et plus nettement la nuit. Il possède 3 à 6 fois plus de bâtonnets sur sa rétine que l’homme, ce qui en fait une vision nocturne jusqu’à 8 fois supérieure à la nôtre !

Ces bâtonnets en surnombre vont capter la plus petite source lumineuse, que la pupille largement ouverte fera entrer. Puis cette source lumineuse sera amplifiée par le tapetum lucidum (comme évoqué précédemment, qui réfléchit la lumière). Le chat voit donc bien mieux la nuit grâce à cette particularité anatomique.

Ainsi, la seule lumière émise par les étoiles la nuit peut lui suffire. Quand les pupilles sont largement ouvertes, on appelle cela la mydriase (du grec ancien “obscur”).

Il est donc très adapté à voir dans le clair-obscur et dans un environnement sombre : le chat est dit nyctalope (composition des mots « nuit » et « voir » en grec ancien)

En revanche, dans le noir absolu, le chat n’y verra goutte, ce sont les moustaches et autres vibrisses qui prendront le relais.

D’après les études scientifiques, le chat verrait en nuances de gris la nuit : c’est la vision scotopique.

Mouvement

Nous sommes toujours émerveillé par la vitesse à laquelle un chat chasse, peut suivre une proie ou attraper un jouet. Les signaux visuels perçus sur sa rétine sont beaucoup plus rapides que l’homme. C’est ce qu’on appelle le « rafraîchissement rétinien« . Prenons l’exemple classique du néon : l’homme ne voit qu’une lumière continue alors que le chat voit une série de flash.

Les chats perçoivent donc mieux le mouvement et sont ainsi plus réactifs. Ils voient d’ailleurs mieux le mouvement que les objets immobiles.

Remarquons également qu’en période de jeux, de chasse ou même de stress, les pupilles sont en mydriase, largement ouvertes. Ainsi, les yeux des chats captent un maximum d’informations pour une réactivité optimale.

A contrario, s’il se sent en danger, les pupilles entrent en myosis. Les yeux brilleront moins à cause du tapetum lucidum, rendant la présence du chat moins décelable.

L’œil du chat est parfaitement adapté à son mode de vie et sa qualité innée de chasseur. L’évolution fait bien les choses, même si à notre goût, sa vision nous semble fade. Pourtant, c’est en le regardant attraper une simple mouche que nous nous rendons compte de son talent !

Qu’ils soient verts, orangés, dorés ou bleus, les énigmatiques yeux des chats ont encore bien des choses à nous révéler sous leur 3 paupières protectrices !