La leucose est une maladie infectieuse très grave des chats provoquant immuno-dépressions et anémies, qui se transmet par contact direct entre nos petits félins. Mondialement répartie, elle doit être contrôlée et surveillée de près. 

Quels sont les signes et le traitement de cette infection ? Quels sont les moyens de prévention ? Découvrons ensemble ce nouveau chapitre sur les maladies des chats.

Qu’est-ce que la leucose ?

La leucose, ou virus leucogène félin, est un rétrovirus (virus à ARN qui infecte les vertébrés) qui touche les félidés, incluant les chats, mais aussi le reste des félins du monde (tigres, lions, panthères, lynx, etc.).

La leucose est souvent désignée par l’acronyme FeLV pour Feline Leukemia Virus, que l’on retrouve sur les étiquettes de vaccin apposées dans les carnets de santé.

Le mot leukemia provient du grec ancien leukos pour “blanc” et aima pour “sang”. Cet ensemble signifie simplement “leucémie”, le cancer des cellules de la moelle osseuse.

Le virus de la leucose a été découvert dans les années 1960 en Ecosse, puis réellement mis en évidence dans les années 1970.

La leucose n’est pas transmissible à l’homme ou aux autres types d’animaux d’un foyer (chiens, lapins, rongeurs, etc.). Elle ne se transmet qu’entre les chats.

Les vecteurs de contamination

Le virus de la leucose est transmis entre les chats par contact direct lors de morsures (sang), léchages (salive) ou le partage de gamelles ou de litières (selles) communes (voie oro-nasale). Les chats domestiques qui sortent à l’extérieur ont de grandes chances d’être confrontés à la leucose un jour, d’autant plus avec la proximité de chats errants. 

Le contact indirect, comme la lactation, la voie transplacentaire et les transfusions sanguines sont également des vecteurs de transmission du virus. 

Les chats infectés suite à une morsure ont plus de risque de développer la leucose que ceux infectés par voie oro-nasale.

Le virus est très fragile en milieu extérieur face aux détergents ménagers habituels et à la température, même ambiante. Ainsi, le risque de transmission par le sol est faible. 

Le type racial n’a aucun impact sur la potentielle contamination d’un chat par la leucose. Tous les chats domestiques sont donc exposés au virus.

Néanmoins, certains facteurs sont prédominants, comme l’âge, la durée d’exposition au virus plus ou moins forte, et la qualité du système immunitaire favorisent l’infection. Les très jeunes chatons sont plus sensibles au virus jusqu’à leur 16 semaines environ. A partir de cet âge, ils peuvent s’immuniser naturellement.

De même, les chats adultes de plus de 7 ans présentent davantage de dispositions à l’infection et les mâles sont plus exposés par leur mode de vie plus combatif. 

Certains chats peuvent s’immuniser naturellement contre la leucose après une exposition.

Comment se développe le virus de la leucose ?

Dès son entrée par les différents biais évoqués dans l’organisme du chat, le virus se fraye un chemin jusque dans les tissus lymphoïdes, les ganglions, les amygdales, avant de se répandre dans l’organisme entier dans des zones secondaires (moelle osseuse, tissus mous (rate, thymus, intestins), etc.).

La multiplication virale s’effectue essentiellement dans les lymphocytes (globules blancs). 4 à 6 semaines après l’infection, la moelle libère des globules blancs infectés dans le sang. C’est à ce moment que la maladie est détectable dans le sang.

L’infection se poursuit dans le corps et devient présente dans les différentes excrétions du chat (salive, mucus nasal, lait, selles, urines). Les suites de l’infection peuvent présenter différents schémas que nous allons aborder.

Les différents types d’infection par la leucose

Après infection du virus par le chat, plusieurs évolutions sont possibles : 

  • Une infection abortive : la réponse immunitaire du chat est immédiate face au virus et l’élimine.
  • Une infection dite régressive : la réponse immunitaire inhibe le virus mais ce dernier entre alors en latence, puis sera ensuite soit éliminé, soit latent toute la vie du chat, soit latent puis virémique à un moment de la vie du chat.
  • Une infection dite progressive : le chat est immédiatement positif à la leucose.
  • Une infection atypique : seuls quelques organes sont touchés par l’infection en raison d’une réponse immunitaire partielle. L’infection évolue soit vers une virémie persistante, soit vers son élimination.

Selon une étude américaine, certains chats développent naturellement des anticorps contre la leucose après une ou des expositions au virus. Ainsi, cette immunité leur permet d’y être exposer sans développer la maladie.

Après avoir guéri naturellement d’une infection, certains chats seraient résistants à une nouvelle infection pendant au moins 3 ans.

Les symptômes de la leucose

Après une infection par le virus de la leucose, nous avons vu que les cellules de la moelle osseuse du chat ne sont plus opérationnelles et que les globules blancs sont infectés, affaiblissant les défenses de l’organisme contre les autres microbes. On parle alors d’immunodépression.

Lors des premiers jours de l’infection, les signes cliniques sont peu détectables. Les principaux symptômes apparaissent des semaines, des mois ou des années plus tard. Certaines affections sont directement liées à l’action du virus, d’autres secondaires suite aux différents désordres immunitaires. 

On retrouve principalement les affections tumorales (lymphosarcomes), dûes à la nature même du virus, des anémies (appauvrissement du sang en globules rouges) ou leucémies, perte de poids, abattement général, gonflement des divers ganglions et maladies du système nerveux.

Des affections secondaires imputées à l’immunodépression rendent le chat plus sensible à certaines maladies, virus, microbes ou bactéries. Ainsi, le chat peut combiner le FeLV à la PIF, au FIV, à la toxoplasmose, etc.

 On peut souvent confondre leucose et typhus par la présence de diarrhées hémorragiques, bien qu’il ne s’agisse pas du même virus. De nombreuses neuropathies ou d’affections oculaires ou cutanées peuvent apparaître. 

De plus, ce virus peut entraîne des troubles de la fertilité chez la chatte (transmission placentaire du virus, avortements précoces, malformations ou non viabilité des foetus).

Généralement, une infection au FeLV est concomitante avec le FIV (qu’il ne faut pourtant pas confondre !).

Les symptômes de la leucose étant très variés et similaires à d’autres maladies félines, seul un dépistage permet d’identifier formellement l’infection, via le prélèvement de sang, de salive, de larmes ou de moelle osseuse. Le dépistage s’effectue par test PCR, RT-PCR ou par le biais du test  ELISA. Ce dernier peut détecter en 10 minutes le virus.

D’autres prélèvements mettent en évidence des antigènes spécifiques à la leucose qui changent de couleurs en réaction à des enzymes, visibles au microscope (immunofluorescence). Attention, certains tests peuvent être des faux négatifs. Un nouveau test doit être réalisé quelques semaines plus tard.

Une fois la leucose formellement identifiée, les traitements vont différer en fonction des affections liés à la leucose même, ou bien à des affections secondaires. Généralement, le chat reçoit de puissants anti-inflammatoires, et peut recevoir des transfusions sanguines en cas d’anémies.

Dans le cas de lymphomes et des leucémies, un protocole COP de chimiothérapie est mis en place. On retrouve également des protocoles d’immunothérapies.

Bref, il s’agit de traitements très lourds à supporter et peu de chats survivent à leur première année de traitement. Toutefois, plus la leucose est détectée et traitée tôt, plus l’espérance de vie du chat est grande. 

Le vaccin

Heureusement, il existe un vaccin contre la leucose ! 

Du fait du fort pouvoir de transmission du virus, la vaccination contre ce virus est primordiale.

Sur les étiquettes vaccinales collées dans le carnet de santé ou le passeport, celle où est inscrite « FeLV » est celle contre la leucose. N’hésitez pas à vérifier dans cela dans le carnet de votre chat, notamment si celui-ci sort, est en contact avec d’autres chats, ou vit en collectivité.

Généralement, les chats exclusivement d’intérieur ne sont pas vaccinés contre la leucose, mais cela sera obligatoire si vous partez à l’étranger ou si le chat est laissé en pension.

Le vaccin contre la leucose protège contre le virus et contre les maladies liées au FeLV.

Il existe 4 marques de vaccin en France, au fonctionnement différent : 

  • un vaccin à virus entier inactivé
  • un vaccin à sous-unités virales
  • un vaccin recombinant à vecteur vivant

Bien que ces vaccins soient très efficaces, il est important de souligner qu’il reste possible qu’un chat attrape la leucose, à l’instar du coryza et du typhus.

Lorsqu’un chat reçoit le vaccin, son système immunitaire reconnaît les virus inactivés comme « étranger » et produit des anticorps contre celui-ci. Dès qu’il sera de nouveau exposé aux virus, son système immunitaire sera capable de produire des anticorps plus rapidement. Ainsi, soit le chat ne sera pas infecté, soit l’infection sera beaucoup moins grave.

 

De manière générale, le protocole de vaccination consiste en une primo-vaccination, suivi d’une seconde injection à 1 mois d’intervalle. Enfin, le rappel de vaccin est annuel. Désormais, certaines marques de vaccin perdurent 2 ans !

La leucose est-elle toujours présente en France ? 

L’épidémiologie de la leucose est assez fournie, en partie dû à sa présence dans le monde entier

A cause des modes de transmission et la contagiosité du virus, des espaces confinés et une forte densité de population de chats, l’incidence d’infection est et reste élevée.

Selon une étude menée dans 30 pays européens en 2016 par des vétérinaire engagés, la prévalence de la leucose était de 16% en Europe !
(Source : www.abcdcatsvets.org)

Selon cette même étude, nous constatons que l’Europe du nord est virtuellement exempte du virus de la leucose. L’Europe de l’est et du sud sont fortement touchées.

La France serait passée de 16% de cas de leucose en 1990 à 1% de cas en 2011 (source officielle inconnue, mais commune à plusieurs articles vétérinaires).

Toutefois, il faut noter qu’en l’absence de protocoles de nettoyage des lieux de vie (chatterie, élevages, refuges), de l’absence de vaccination, de surpopulation sauvage et non stérilisée dans certaines zones, le taux d’infection à la leucose peut atteindre jusqu’à 20%.

Selon une étude de Bradley J., 59,7% des chats français seraient positifs à la leucose dans un foyer comportant plus de 6 chats ! Selon la même étude, 45,6% des chats français FeLV+ sont des chats qui sortent, contre 9,8% pour les chats uniquement d’intérieur.

Il est demandé, notamment si vous laissez votre chat en pension, de savoir si votre chat est FeLV+ pour éviter la transmission aux autres chats. C’est une question sanitaire importante car le FeLV est un vrai fléau que seule la précaution humaine peut endiguer. 

La leucose définie comme vice rédhibitoire

Selon la loi 89-412 du 22 juin 1989 et son décret d’application définissant une liste de vices rédhibitoires chez le chien et le chat, dans les dispositions relatives aux ventes de chiens et de chats, la leucose fait partie des infections considérées comme vices rédhibitoires.

En effet, si votre animal provient d’un élevage ou d’une animalerie, le chat ou le chaton est toujours préalablement vacciné et cédé “en bonne santé” dans ce cadre de vente.

En cas de doute sur la leucose, vous disposez de 30 jours pour vous procurer un certificat de suspicion, puis un diagnostic de certitude rédigé par un vétérinaire, qui doit impérativement mentionner les symptômes de la leucose, ainsi que le ou les résultats des tests FeLV+. Ainsi, il est possible de prétendre au remboursement de l’animal (contre restitution ou non).

Vivre avec un chat FeLV +

Des précautions s’imposent si votre chat est FeLV+.

Il est important de ne plus laisser l’animal sortir et de vérifier si vos autres chats sont porteurs. En quel cas, il faudra porter une attention particulière aux chats sains.

Si votre chat vit seul ou non, il faudra apporter plus de soins et d’attention à sa santé. A noter que même FeLV+, les vaccins lui permettront de réchapper à certaines maladies qui pourraient le fragiliser davantage. Il est donc toujours aussi important de vacciner son chat !

Adopter un chat FeLV

Malheureusement, les chats FeLV+sont très rarement adoptés en refuge. Les adoptants ne sont généralement pas assez renseignés sur la maladie, prennent peur à son évocation ou sont rebutés par les potentiels frais vétérinaires.

Pourtant, un chat FeLV+ reste un chat tout à fait normal. Il n’y a aucune discrimination à apporter. La leucose peut être en latence et ne jamais se déclencher. 

Si vous vivez en appartement sans autre animal, c’est le moment idéal, le chat ne pourra pas sortir et transmettre sa maladie.

2 cas de figures peuvent se présenter en adoptant un chat FeLV+ :

  • soit il est asymptomatique et vivra une belle vie jusqu’à sa belle fin
  • soit la maladie (ou les maladies secondaires) se déclenche et il n’y aura que vous pour lui apporter une belle vie et une belle fin

Rien ne permettant de prédire le déclenchement ou non de la leucose dans l’organisme d’un chat, l’adoption d’un chat FeLV+ est donc un geste noble et désintéressé.

Pour conclure

Encore très présente, la leucose peut être facilement contrée par la simple vaccination. Nous sommes tous acteurs pour préserver nos chats de ce virus

Pour aller plus loin scientifiquement parlant, nous vous invitons à consulter la thèse de D. Meyer de l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort (2008), qui nous a servi de base solide pour l’écriture de cet article !