Le typhus est une maladie des chats très dangereuse et souvent mortelle si elle n’est pas traitée à temps. Hautement contagieuse, elle se transmet par l’ingestion ou le contact avec le virus par le chat via des objets, des congénères ou de la nourriture contaminés. Malgré les vaccins, le typhus est encore très présent en France et même encore très actif dans certaines régions…

Il est donc important de connaître cette maladie infectieuse et de savoir comment protéger son miaou.

Qu’est-ce que le typhus ?

Le typhus est une parvovirose, c’est-à-dire une maladie d’origine virale grave et très contagieuse, qui s’attaque au système immunitaire et affaiblit les globules blancs.

Le typhus est plus scientifiquement appelé “panleucopénie féline”, mais aussi leucopénie infectieuse féline ou bien parvovirose féline/parvovirus félin.

Etymologiquement, typhus provient du grec ancien tuphos, signifiant stupeur ou torpeur.

Quant à la panleucopénie, c’est un ensemble de racines de mot grecs : pan– pour “tout”, leuc- pour “blanc” et -pénie pour “pauvre” ou “pénurie”, en référence donc à l’affaiblissement des globules blancs.

Ce virus est extrêmement résistant aux hautes températures (+ de 75° pendant 30 minutes !), aux basses températures (il survit très bien à la congélation), à une large gamme de pH (3 à 9), ainsi qu’au détergents ménagers usuels, grâce à son enveloppe protectrice. Il est en revanche sensible au formol et à l’eau de javel.

Les vecteurs de contamination

Comme le coryza, la contamination directe s’effectue par contact oro-nasal ou oro-fécal, notamment avec des déjections, des fluides corporels (excrétions) d’autres chats infectés, mais aussi par morsures, reniflements et léchages. En effet, un chat malade libère de grandes charges virales via ses matières fécales, ses urines et ses sécrétions nasales.

Vous pouvez ramener de manière indirecte le typhus dans votre intérieur (chaussures ou vêtements en contact avec un chat infecté ou ses excrétions) et contaminer votre chat, même si celui-ci ne sort jamais. C’est pourquoi il est primordial de faire vacciner votre chat.

Si plusieurs chats vivent ensembles, les litières, les gamelles ou les couchages sont des vecteurs de contamination. La contagion peut ainsi être fulgurante, car les symptômes se manifestent entre 48h après l’exposition jusqu’à 7 jours.

Le typhus est extrêmement présent et virulent chez les chats errants, qui réunissent tous les facteurs de risques : grande densité de chats, manque d’hygiène, cohabitation rapprochée, absence de vaccin.

Ce virus peut également traverser la barrière placentaire des chattes gestantes et se transmettre in utero aux chatons. 

Enfin, les insectes ou parasites, comme les puces, peuvent jouer un rôle de transmission du virus.

Comment le virus s’attaque-t-il au système immunitaire du chat ?

Une fois dans le corps du chat, le typhus se multiplie dans le système digestif (surtout l’épithélium intestinal), les muqueuses, les glandes, les nœuds lymphatiques et la moelle osseuse.
Le virus s’attache et pénètre dans les cellules, puis réplique de l’ADN pour former de nouveaux virions (particule infectieuse). Ceci entraîne une diminution du nombre de globules blancs (les leucocytes) dans le sang, dont le rôle est de défendre l’organisme contre les infections. C’est la leucopénie, très similaire à celle que provoque la chimiothérapie par exemple. 

Atrophie de l’épithélium intestinal à gauche, epithélium sain à droite

De plus, les analyses sanguines indiquent une baisse du taux de potassium, d’albumine et du nombre de plaquettes sanguines.

La mortalité est particulièrement élevée chez les chatons de 2 mois à 1 an : 25% à 90% dans le cas d’une forme aiguë.

Quels sont les symptômes ? 

Les symptômes visibles du typhus sont multiples, fulgurants ou étalés sur plusieurs jours. Dans une forme suraiguë, le typhus peut être foudroyant 

Le principal symptôme est une diarrhée hémorragique.

On retrouve également des vomissements, un état apathique général et une baisse de l’appétit, des vomissements, une hyperthermie (fièvre). Tout ceci entraîne une déshydratation et une dénutrition importantes.  

L’examen clinique révèle souvent une augmentation de la taille des ganglions intestinaux (douloureux au palpé) et l’analyse de sang met en évidence une anomalie au niveau des globules blancs.

Ces symptômes généraux visibles ne sont pas systématiques, et certaines formes de typhus sont atypiques. Seul le vétérinaire peut mettre en évidence la maladie par un diagnostic très précis. 

Pour les chattes gestantes contaminées, le typhus peut provoquer des avortements ou bien de graves troubles neurologiques pour les chatons à venir.

Ainsi, on différencie 3 formes de typhus : 

  • La forme classique avec atteinte digestive et de la moelle osseuse, différenciée par 3 sous-formes :
      • une forme suraiguë : notable pour les chatons, le décès survient dans les 12h après les premiers symptômes
      • une forme aiguë : la plus fréquente, regroupant la totalité des symptômes de diarrhées, hémorragiques ou non, d’abattement de déshydratation et de dénutrition
      • une forme subaiguë : les symptômes sont peu marqués
  • La forme nerveuse lors d’une infection in utero. Elle est devenue très rare car les mères sont de nos jours vaccinées. Toutefois, une infection in utero est caractérisée par des ataxies cérébelleuses (système locomoteur fortement atteint)
  • La forme asymptomatique uniquement décelable par bilan sanguin, qui concerne les chats adultes vaccinés

Les symptômes peuvent être aggravés en cas de co-infection avec des bactéries, d’autres virus ou des parasites.

Prévention

Si plusieurs chats vivent ensembles, il est impératif d’isoler l’animal malade de ses congénères et de mettre en place un protocole sanitaire très strict, à cause de la grande quantité de charge virale dans l’environnement.

Le nettoyage de l’environnement, les litières, les gamelles et les couchages à l’eau de javel diluée entre 0.2 et 0.5% ou avec des produits spéciaux dédiés à l’environnement animal (bactéricides, virucides et fongicides) est fortement recommandée.
Le typhus est malheureusement extrêmement résistant et peut survivre une année en extérieur.

La meilleure prévention, pour un chat d’intérieur comme d’extérieur, c’est la vaccination

La vaccination réduit déjà drastiquement la contagion entre animaux, notamment via les excrétions et les déjections. De plus, même en cas d’infection, un chat vacciné a une meilleure chance de survie avec les traitements vétérinaires.

Attention, le chat malade peut encore excréter le virus plusieurs semaines après sa guérison clinique !

Tout chaton de moins de 12 mois, non vacciné encourt un risque d’infection accru par le virus.

Dans les milieux de vie en collectivité, tel qu’à la Pension Féline des Alpes, nous appliquons un protocole très strict de nettoyage et de désinfection, quotidien, hebdomadaire et mensuel pour éviter toute propagation de maladie. C’est ce qu’on appelle la “prophylaxie sanitaire”.

Les pensionnaires se doivent d’être vaccinés pour le confort et le bien-être de tous !

Le vaccin

Le vaccin contre le typhus (c’est la lettre P de panleucopénie du sigle RCP inscrit sur l’étiquette du vaccin dans le carnet de santé) contribue à réduire les symptômes de la maladie et de prévenir la mortalité.

Il contient une souche du virus atténué de la panleucopénie féline. Ce vaccin a plus de 40 ans et est très efficace !

Lorsqu’un chat reçoit le vaccin, son système immunitaire reconnaît les virus affaiblis comme « étrangers » et produit des anticorps contre ceux-ci. Lorsqu’il sera de nouveau exposé aux virus, le système immunitaire sera capable de produire des anticorps plus rapidement. 

Quand le chat sera exposé à l’un de ces virus à un moment ultérieur de sa vie, soit il ne sera pas infecté, soit l’infection sera beaucoup moins grave.

Il est préférable et recommandé de ne pas vacciner une chatte gestante à causes des risques de troubles neurologiques pour les chatons à venir. 

De manière générale, le protocole de vaccination consiste en une primo-vaccination, avec 2 injections à 1 mois d’intervalle, puis à un rappel annuel

Attention, selon une étude américaine (Greene & Addie, Feline panleukopenia, éditions Infectious diseases of the dog and cat, 2006), le vaccin actuel ne protégerait pas les chats contre le parvovirus canin, que nous allons aborder dans quelques instants plus bas.

Guérison et traitement 

Traité à temps, il est possible de sauver son chat du typhus.
Quelques rares cas indiquent toutefois la mort de l’animal en quelques heures. C’est pourquoi il est primordial d’agir au plus vite en contactant son vétérinaire.

Le diagnostic est confirmé par analyse de sang, ou des selles, mais aussi via un test PCR sur prélèvement de selles, de tissus ou de sang. Ce dernier permet de quantifier exactement la charge virale, d’adapter le traitement et de déterminer s’il s’agit d’un parvovirus félin ou canin

Dès lors, le vétérinaire mettra en place une hospitalisation avec un traitement très fort à base d’antibiotiques (non pas contre le virus, mais pour éviter les surinfections), d’anti-vomitifs et anti-spasmodiques, ainsi que la pose d’une perfusion pour réhydrater et réalimenter au plus vite l’animal.

Il n’existe pas de médicament antiviral réellement efficace sur le virus du typhus.

On estime que 90% des chats non vaccinés décéderont des suites du typhus, même sous traitement vétérinaire. Même vacciné, l’efficacité du traitement reste malheureusement aléatoire tant ce virus est résistant.

Les chances de survie sont à prendre en compte avec l’état de santé général du chat, son parcours vaccinal ou non ainsi que son âge. Plus le traitement est instauré tôt, plus les chances de survie seront augmentées.

Quid de la transmission du typhus à l’homme et aux animaux ? 

Le typhus du chat n’est pas une zoonose, il n’est donc pas transmissible à l’homme.

Le typhus du chat est d’origine virale. Il ne doit pas être confondu avec le typhus humain, qui est une maladie bactérienne.

Attention, si les hommes ne peuvent contracter le typhus félin, ils sont toutefois un vecteur de transmission et de dissémination du virus, comme vu précédemment. 

Le typhus du chat est spécifique aux espèces félines, des renards, des visons et des ratons laveurs. Il ne peut donc pas contaminer un chien, mais l’inverse oui. En effet, un chat peut contracter la parvovirose canine. De fait, un chien pourra développer une parvovirose, uniquement si le chat a été contaminé par le parvovirus canin.

Le typhus est-il toujours actif en France ? 

Hélas oui. De 2017 à 2019, les vétérinaires avaient lancé une alerte nationale dans le sud-ouest de la France suite à une forte recrudescence de cas de typhus.

Heureusement, grâce à la vaccination, les épidémies de typhus sont de plus en plus rares.

Si votre animal provient d’un élevage ou d’une animalerie, sachez que le typhus est considéré comme un “vice rédhibitoire”. Dans ce cadre de vente, le chat ou le chaton est toujours préalablement vacciné et cédé “en bonne santé”.

En cas de déclaration des symptômes du typhus dans les 5 jours suivant l’acquisition de l’animal, vous pouvez demander le remboursement (contre restitution ou non) sur présentation d’une attestation du vétérinaire (certificat de suspicion). Toutefois, vous disposez de 30 jours pour mener une action en justice pour prétendre au remboursement.

Pour conclure

Même si le typhus est une maladie grave avec un fort taux de mortalité, ce n’est pas une fatalité. La vaccination est le seul moyen efficace pour réduire la transmission et atténuer les effets du typhus.